Photographie et sculpture sont deux médiums qui se croisent et s'entrelacent dans le travail d'Estelle Jourdain. Le fil métallisé conducteur de lumière est présent sur ses images comme dans ses sculptures, mais à une échelle moindre. Le fil et son corollaire l'aiguille transpercent littéralement l'image, lui procurant une épaisseur réelle ou feinte, selon que l'image est exposée telle quelle ou re-photographiée. Le dessus et le dessous, le proche et le lointain, se trouvent saisis et rapprochés dans l'à-plat photographique, par l'effet d'une déchirure ou d'une suture. Dans d'autres images, c'est la transparence qui joue un rôle similaire, révélant dans un intervalle laiteux des objets saisis par un contact plus ou moins appuyé. « Cet entre-deux est celui où peuvent se rencontrer les contraires, les complémentaires : un vide, un silence où tout est possible. » (E.J.)